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  • Nature & Sphère
  • Biomécanique, Evolution et Rotation
  • Souplesse vs Rigidité
  • Choix dans la Trajectoire

D’un enchainement de mouvements circulaires peut résulter un mouvement rectiligne fluide et puissant. J’aime beaucoup cette phrase qui résume assez bien mon schéma de pensée global. Et désormais vous en comprenez un peu plus sa logique énergétique.

Base

Je ne pourrai grandement aller plus loin sans aborder un minimum le grand principe de fonctionnement du monde : le chaos. Définition même de ce que représente un système complexe dans toute sa splendeur. Vous avez à disposition une quantité astronomique d’éléments et de forces agissants les uns sur les autres, une quantité presque infinie d’inconnues. Un monde que nous n’avons de cesse d’essayer de modéliser au plus proche de sa réalité.

Mais le chaos est-il réellement si chaotique et incohérent que cela ? Bien évidemment, je ne répondrais pas à cette question. Je ne serai pas aussi présomptueux vu la complexité du sujet. Je vais néanmoins essayer de vous expliquer comment il serait possible de naviguer dans ce type de milieu. Car au final, la vie n’est que chaos. Et réussir à faire en sorte qu’un système chaotique ne le paraisse pas pourrait être intéressant au quotidien.

Par définition, le chaos désigne le comportement étrangement erratique de certains systèmes physiques obéissants pourtant à des équations déterministes. L’information intéressante ici est que le chaos ne se trouve pas forcément dans la non-connaissance, mais plutôt dans l’impossibilité de prévision. Les équations locales et intrinsèques sont connues mais il est impossible de prévoir les trajectoires futures à partir d’une date donnée.

Météo

Prenez l’exemple de la météo. Il est impossible de prévoir de manière certaine à plus de quelques jours malgré la performance des modèles et des ordinateurs employés. En effet, de manière évidente, si un cyclone apparaît à un endroit du monde, les différences par rapport aux prévisions seront plus ou moins conséquentes selon la proximité de la région avec le cyclone.

Afin d’avoir de nouvelles prévisions, il suffit de relancer le calcul. Doit-on changer le modèle suivi pour autant ? Bien évidemment que non. L’apparition d’un nouvel élément ne signifie pas que la méthode de calcul soit mauvaise. Il faut juste prendre en compte ce nouvel élément dans l’équation.

Les modèles ne changent pas. Seules les conditions initiales à l’opération sont modifiées et adaptées à l’instant même où elles ont changé dans la réalité. Les ordinateurs refont alors le calcul en permanence afin d’avoir ces conditions au plus proche de la réalité en tout temps. C’est aussi pour cela que les prévisions météo peuvent être suivie en temps réel et qu’elles varient en permanence.

Bien que j’ai pris l’exemple d’un cyclone qui est un élément perturbateur important, ces variations existantes aussi à plus petite échelle ont des conséquences loin d’être négligeables. On voit ici un élément majeur de ces systèmes chaotique. La moindre variation des conditions initiales dans le modèle provoque très rapidement des résultats différents de ce qui était anticipé. D’où l’expression de “l’effet papillon” résumant une métaphore concernant le phénomène fondamental de sensibilité aux conditions initiales.

Simplification

En réalité, ceci est une vision simplifiée. La réalité du problème vient de l’impossibilité de décrire et connaître parfaitement ces conditions initiales car il faudrait tout décrire jusque dans le moindre détail. Pour la météo il faudrait décrire la position des animaux, leur respiration, leur style de vie, le flux exacte des courants marins, des vents, des nuages, des champs électromagnétiques et gravitationnels, etc. Sans parler de la prise en compte de l’Homme…

Donc le chaos vient des approximations que nous faisons sur ces conditions initiales puisqu’il est impossible de décrire et prévoir jusqu’au niveau moléculaire, génétique voire psychique du monde animal ou végétal. D’où la nécessité de ces approximations et calculs permanents.

Pendule

En ce sens, plusieurs expériences assez simples démontrent également ce rapport aux conditions initiales. L’une parmi les plus connues se trouve être l’expérience du double pendule dans laquelle un pendule est accroché au bout d’un second. Lorsque vous lâchez le double pendule pour le mettre en mouvement, une variation d’un petit degré de l’angle de départ fait apparaître une différence significative du mouvement dès le premier retour.

Dans le cas du pendule simple, la modification de quelques degrés n’a ici d’impact que sur l’amplitude du mouvement et non sur la trajectoire en elle-même. Illustration de la différence d’importance des conditions initiales entre système simple et complexe.

Donc, si la moindre variation des conditions initiales est présente entre un système complexe et sa modélisation, le résultat s’en trouvera différent assez rapidement. On pourrait appeler cela le résultat des effets composés. Cette petite variation amplifie son changement de trajectoire grâce aux interactions qu’elle a avec des éléments extérieurs, et ainsi de suite. Le chemin n’est plus le même très rapidement. Le futur également.

L’individu

Prenons un dernier exemple qui nous permettra de recentrer le problème. L’un des meilleurs systèmes chaotique que nous connaissons est l’individu. Nous devons en permanence naviguer au milieu de cet équilibre subtil basé sur nos instincts, nos préférences génétiques et hormonales, nos humeurs, nos sentiments et notre expérience de la vie. Un jeu vital permanent entre nécessité et plaisir, que ce soit vis-à-vis de soi-même ou de ce qui nous entoure.

Dès lors, comment voudriez-vous pouvoir envisager le futur d’une personne ? Que ce soit son prochain geste, sa prochaine parole ou même sa prochaine pensée. Pour autant, je ne dis pas que rien n’est prévisible. Loin de là. Cependant, ces prévisions ne reposent jamais sur des certitudes mais plutôt sur une possibilité statistique d’une réaction à une situation donnée.

Connaître une personne consiste pour beaucoup à savoir comment celle-ci réagit alors dans tel ou tel cas de figure. Mais ne vous est-il jamais arrivé d’être surpris par la réaction d’un ami ou même de la personne que vous aimez ? Vous n’êtes jamais à l’abri d’une humeur différente ou d’une expérience récente ayant remis en question certains aspects comportementaux et la vision que cette personne a de certaines situations.

Approximation par optimisation

Nous retrouvons le côté approximatif des connaissances que nous avons du fonctionnement d’autrui. Nous faisons une approximation de tout ce que nous savons sur l’autre et anticipons quelle réaction ou comportement a le plus de probabilité d’émerger. Mais en aucun cas nous n’avons de certitude dans ces interactions.

Il est déjà impossible de se connaître soi-même parfaitement, alors connaître parfaitement un autre individu est inimaginable. Surtout quand la vision que l’on a des autres, qui pourrait s’associer au logiciel que nous employons pour survivre et prévoir dans notre quotidien, n’est que subjective et non universelle.

Pour une majorité, c’est aussi ce qui fait que la vie vaut le coup d’être vécue. Elle ne peut être anticipée. Et certaines réactions ou évènements n’ont réellement de valeur que pour leur imprévisibilité. Recherche d’un subtil équilibre entre nécessité de stabilité globale et de surprises ponctuelles. Cela signifie que nous voulons maîtriser notre vie quotidienne, qu’elle soit stable, mais qu’elle reste agrémentée par moment de situations non-prévisibles, si possible agréables.

Anticipation

Un système chaotique est donc incertain. Mais il est possible avec de l’expérience d’anticiper avec plus ou moins de certitudes des éléments du futur. En parallèle, nous trouvons également des réactions primaires inscrites dans notre subconscient qui nous aident à survivre dans certaines situations possiblement dangereuses auxquelles nous n’étions pas préparés.

On pourrait simplifier en disant qu’une partie est consciente dans l’anticipation, et une autre inconsciente dans la réaction. Ainsi, le conscient serait lié à une stabilité durable pendant que l’inconscient le serait à une imprévisibilité ponctuelle. En allant plus loin, on peut aussi y ajouter un ressenti agréable dans un cas de prévision tandis qu’on ressent de l’inconfort, de la peur ou de l’anxiété quand une situation est inattendue.

Nous pourrions alors croire que ce que je viens de décrire pour l’Homme est un chaos différent de celui de la météo. En réalité c’est le même principe sauf que dans notre situation c’est notre cerveau qui fait office d’ordinateur. Ainsi, la prévision d’une réaction ou du futur d’une personne ne restant que des probabilités, cela s’assimile facilement aux prévisions météo auxquelles on annote un indice de fiabilité.

Différentes échelles

Pour aller plus loin avec cette idée de chaos du vivant, limitons-nous à la Terre comme plateau de jeu. Nous pouvons alors séparer ce chaos planétaire en plusieurs sous-catégories. Vous avez tout d’abord celui qui est lié à la structure de la planète (volcans, plaques tectoniques, courants maritimes, champs magnétiques, saisons, etc). Ensuite, vous avez un chaos sociétal interne à chaque espèce qui est impacté à la fois par celui des autres espèces que par celui de la Terre. Et finalement, nous trouverons le chaos interne à chaque individu.

Finalement, ces trois types de chaos forme un chaos global planétaire sur lequel chacun a un impact à son échelle sur les autres. À titre d’exemple et jusqu’à quelques dizaines d’années, nous n’avions pas conscience de l’impact de l’Homme sur la planète ou sur les autres espèces.

Direction

Pourtant, malgré ce chaos, il n’est pas rare d’entendre parler de périodes de destruction, de création, de transition ou de développement car le monde “avance” en permanence et pendant un temps donné dans une direction. Donc, malgré cette incohérence certaine se trouverait en réalité une logique de fonctionnement inexploitée à mettre en évidence.

Prenez l’exemple de la société humaine pour laquelle rien n’est prévisible. Tout le monde s’accorde à dire qu’améliorer le confort serait une bonne chose. En ce sens, même si vous voyez des personnes détruisant ici ou là, de manière générale les humains vivent toujours de plus en plus confortablement.

Est-il alors possible de parler de stabilité dans un tel monde ? Car si tout n’est que chaos il devrait être impossible de prévoir, d’anticiper, de planifier. La réussite ne serait donc due qu’à de la chance, une simple donnée statistique gagnante sortant du lot.

Vivre

Sur ces quelques idées, nous pourrions alors considérer comme meilleur moyen de survie à ce chaos une nécessité d’adaptation permanente aux conditions initiales. Et ainsi trouver un moyen de s’adapter en permanence aux changements à la fois externes et internes à notre personne. Cela paraît extrêmement compliqué. Le point important ici est qu’une adaptation permanente nécessiterait une quantité importante d’énergie.

Pourtant, c’est ce que nous faisons en permanence au quotidien. Nous cherchons à nous adapter à chaque instant au milieu dans lequel nous nous trouvons, à une interaction avec une personne, à des recherches d’information, à un rythme de vie, à des moyens de survie ou de divertissement, etc. Et les journées que nous passons ne sont qu’enchainement de complications et de prise de tête au bout desquelles nous finissons exténués.

C’est un des facteurs qui a fait de la télévision un divertissement permettant de se vider l’esprit. Ce type de divertissement qui est aujourd’hui présent dans une majorité de foyers n’est finalement qu’un moyen peu cher de passer du temps dans sa journée sans avoir à prendre de décision. C’est un moyen qui a permis à beaucoup d’économiser de l’énergie car ce qui nous entoure n’est que réflexion permanente.

Comment alors continuer à vivre d’une manière plus optimale et agréable sans ressentir ce besoin de ne rien faire ? Car l’objectif est bien là. Survivre est déjà une bonne chose en soi. Mais le faire en profitant des choses qui nous entourent et en dépensant le moins d’énergie possible c’est bien cela que l’on appelle la vie. Et toute lutte évitée sera de l’énergie économisée disponible pour faire de nouvelles choses chaque jour.

Point

Faisons un point car beaucoup d’éléments ont été abordés.

Le chaos ne repose donc pas sur une inconnue à l’instant mais sur une incapacité de prévision certaine due à l’importance de la moindre variation des conditions initiales. Ceci provenant notamment de l’impossibilité d’une description précise de ces conditions initiales.

Pour autant, cela ne nous empêche aucunement d’anticiper certains éléments de la vie et d’utiliser ces informations à notre avantage au quotidien. La joie des probabilités fera que vous aurez des périodes où vous aurez davantage le vent en poupe, pendant que d’autres seront plus difficile. Et bien que l’on ne retienne souvent que ces périodes de galère, la vie dans sa globalité ne sera généralement qu’une teinte de gris, et non en totalité noire ou blanche.

Une des manières de survivre et d’avoir un maximum de confort dans ce chaos a été instinctivement la création de sociétés. À la fois une manière de se prémunir d’attaques d’autres espèces, c’est aussi un gain d’efficacité dans la complétion des tâches quotidiennes où chacun à son rôle à jouer.

Cependant, ce type d’organisation n’est valable que lorsque l’on parle d’une survie d’espèce. Dès lors qu’un individu ne remplit pas son rôle il est remplacé afin de faire survivre la société dans sa globalité. Désormais, nous vivons dans une ère technologique où la survie n’est plus une priorité. Le modèle de la société que nous utilisons actuellement est-il dans ce cas toujours adapté à nos besoins ?

Encore et toujours..

La Nature nous a amené à un format de société comme manière de survivre. Nous sommes donc passé d’un raisonnement individualiste à un raisonnement de groupe. Pourtant, une fois cette société épanouie, quel pourrait être la prochaine étape ? De manière assez étonnante, le prochain niveau se retrouve être l’individu à nouveau. Et cette fois encore, nous trouverons des éléments de réponse à cette nouvelle vision auprès de la Nature.

 

Mots clefs de l’article

  • Le Monde n’est que Chaos
  • Prévision par Anticipation
  • Vie par Approximation
  • Nature, Probabilité & Plaisir de la Variance Extrême

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